Lac de Guerlédan
Promenade au fond du lac de Guerlédan
Cette semaine, je vous emmène au fond du plus grand lac de Bretagne, sans bouteille ni tubas.
Comment est-ce possible ? Grâce à un évènement exceptionnel : L’assèchement du lac entre avril et octobre 2015. La vidange du lac a lieu tous les 30 ans afin de procéder à l’inspection du barrage hydroélectrique de Mûr-de-Bretagne. Des travaux de rénovation étaient également nécessaires. Autant dire qu’il ne fallait pas rater cet événement !
L’histoire de Guerlédan
Avant de « plonger », quelques clés pour comprendre le lieu (pour plus de détails, visitez le site officiel : www.lacdeguerledan.com ).
La construction du barrage a commencé en 1924 et s’est achevée en 1930. L’ouvrage fait 45 m de haut pour 206 m de long et permet de constituer un lac artificiel de 12 km de long et 40 m de profondeur au plus bas. Le barrage a 3 fonctions : produire de l’électricité, contribuer à l’alimentation en eau potable et permettre la pratique d’activités nautiques.
La création du barrage a entraîné l’engloutissement de la vallée, dans laquelle se trouvait des carrières de schistes et d’ardoises, 17 écluses et plusieurs maisons éclusières. L’ouvrage coupe irrémédiablement le canal de Nantes à Brest en deux, interrompant définitivement la navigation fluviale.
Où est-ce ?
Le lac de Guerlédan se situe au cœur de la Bretagne, séparant les Côtes d’Armor (au nord) et le Morbihan (au sud).
(Cliquez sur les cartes pour les afficher en plus grand)
L’assèchement de 2015
J’ai marché sur le fond du lac lors du dernier mois d’assèchement, soit en d’octobre 2015, 6 mois après la vidange complète. Certes, à cette période de l’année, la météo était grise mais le sol n’était plus vaseux et l’on pouvait marcher dessus sans s’enliser. Le lac asséché a laissé place à un paysage lunaire, parsemé de ruines d’anciennes écluses et maisons, ainsi que de quelques épaves.
On peut voir le niveau normal du lac, à la limite de la forêt, en haut de la photo ci-dessous. La rivière qui coule paisiblement dans son lit original est le Blavet, dont une partie du tracé était utilisé pour le canal de Nantes à Brest.
Les arbres noyés par la montée des eaux sont restés tels qu’ils étaient en 1930. Ils donnent vraiment l’impression d’être encore vivants, depuis 85 ans. Remarquez aussi le sol craquelé, après 30 ans passés sous l’eau et 6 mois d’assèchement.
Sur le chemin de halage, on peut apercevoir les bornes kilométriques du canal de Nantes à Brest. Celle-ci porte encore l’ancien nom du département des « Côtes du Nord », devenu « Côtes d’Armor » en 1990. Maintenant, ces bornes permettent aux poissons de savoir à combien de kilomètres ils se trouvent de Brest ou de Nantes. 🙂
Ce qui m’a surpris le plus, c’est de voir autant de végétation repousser en aussi peu de temps, là où nageaient les poissons il y avait à peine 6 mois.
Aujourd’hui, cet arbre est de nouveau sous les eaux pour de nombreuses années…
Encore une épave qui reposait au fond du lac de Guerlédan.
Les visiteurs doivent marcher 12 km pour rejoindre l’autre extrémité du lac, en suivant le cour du Blavet. En levant les yeux, on voit bien jusqu’à quelle hauteur l’eau monte quand le lac est rempli.
Côté Sud (à droite), c’est le Morbihan. Côté Nord (à gauche), ce sont les Côtes d’Armor.
Dans la vallée engloutie par les eaux, il y avait 17 écluses et plusieurs maisons, dont celles des éclusiers. J’imagine la vie qu’il y avait avant 1930, avec des enfants jouant autour de ces arbres…
Les murs en pierres des écluses ne semblent pas souffrir de 85 années d’immersion. Par contre, il n’en est pas de même des parties métalliques.
Certains points de vue dévoilent un paysage bucolique et éphémère.
La photo ci-dessous montre l’une des 17 écluses et la maison de l’éclusier. Quand on voit la marque du niveau normal du lac, bien au-dessus du toit de la maison, cela laisse songeur…
Les couleurs de la végétation sont surprenantes. Elles varient du vert au rouge, selon l’altitude dans la vallée.
Plus on se rapproche de l’extrémité ouest du lac, moins la profondeur de celui-ci est importante, ce qui n’empêche pas que les maisons soient entièrement immergées.
Dans la partie Ouest du lac, quelques écluses ont conservé leurs portes en métal, rongées par la rouille.
Après 12 km de marche, nous voici arrivés à l’extrémité Ouest du lac de Guerlédan. Ici, l’assèchement n’a pratiquement pas fait varier le niveau de l’eau. (Photos en mode lomographique)
Imaginez le temps qu’il faut pour remplir un lac de 300 hectares avec cette petite rivière…
Si vous souhaitez voir le lac lorsqu’il est plein, visitez le site officiel : www.lacdeguerledan.com
2 courtes vidéos (1 et 2 minutes) sont visibles sur le site de Ouest-France : cliquer ICI.
J’espère que cet article exceptionnellement long ne vous a pas lassés. 😉
Je tombe tout à fait par hasard sur cet article et m’en réjouis car ce lac me rappelle de très beaux souvenirs, mes grand parents paternels vivant à quelques km de là et nous y allions de temps à autre. Je ne l’ai jamais vu bien sûr à sec comme cela, merci
Bonjour Marie,
Je suis content que ces quelques photos fassent ressurgir de beaux souvenirs. L’assèchement d’un lac est un événement rarissime. A Guerlédan, le prochain aura lieu vers 2045 ou peut-être pas (ce n’est pas sûr).
Belle journée !
Incroyablement insolite ce lieu ! Je demande à découvrir in situ.
Il va falloir patienter un peu. La prochaine vidange aura lieu vers 2045…
Une bonne raison de me maintenir en vie jusque là. 😅
Sublime instant immortalisé pour l’éternité. Tous les 30 ans il n’y a qu’a imaginer l’age qu’on aura dans 30 ans et suite a ça dans 60 ans. C’est le genre de choses qu’on voit une fois dans notre vie je pense et si on est des fidèles 2 fois …. maximum 3.
C’est sûr qu’il ne faut pas rater l’occasion quand elle se présente ! 😉
what a place… great photos and very creative compositions…
Thank you, Alexandra. Now, these photos are impossible because the lake is full…
Très instructif et très belles photos, merci pour cette ballade.
Merci pour ton commentaire, Michel.
Hello Fili ,il me semblait bien que le nom était breton ! De belles images tu as du te régaler de faire cette balade 🙂 moi j’adore ces photos ❤ Bonne soirée kiss
Oh oui ! C’était un sujet photographique très intéressant. Surtout que ces photos sont maintenant impossibles à faire pendant des années.
Bises Héléna ! 🙂
Un parcours intéressant et beau témoignage où l on peut revivre un passé !! Merci
C’est effectivement un témoignage du passé qui ressurgit périodiquement. A revivre dans 30 ans…
Malgré le temps couvert, les couleurs sont en effet magiques… les photos dépaysantes, merci pour ce billet riche et intéressant. Bonne nuit Fil. Bises.
🙂
Très heureux de t’avoir intéressée, Julie. Bises et bonne nuit également.
Un lieu rempli de mystères, j’aime beaucoup.
La Bretagne, nous adorons. En revanche, la Bretagne profonde, nous ne connaissons pas beaucoup !
Peu de gens connaissent la Bretagne de l’intérieur. Il faut dire que le littoral est bien mieux valorisé, avec un réseau routier plus efficace.
En plus, il est « presque au milieu » d’une ligne St-Brieuc-Lorient » !
Presque. Un périple d’au moins 2 jours si les mulets tiennent le coup ! 🙂
Sympa comme périple !
Je connais l’histoire mais je ne suis pas allée voir sur place. J’avais vu qques photos déjà, mais bravo pour celles-ci!
Merci. C’est dommage que tu n’y sois pas allée.
passionnant! merci beaucoup pour ce *voyage* hors norme 🙂
C’est moi qui te remercie de t’être laissée transporter par ce voyage hors du temps. 😉
ce que je trouve extraordinaire ds tes photos c’est que la ferraille rouillée me semble *vivante*…..j’y vois des poings fermés, des visages…….oui, un bien beau et étrange voyage que tu nous permets de vivre
C’est vrai que l’espèce de serrure rouillée ressemble à une tête de gnome. Dans un tel endroit, notre imaginaire est décuplé…
Super article. Je me suis régalé. J’aurai voulu que ça continue! 🙂 Bravo pour cette belle visite photographique!
Merci Vivien ! Je craignais avoir fait un post trop long, mais il semblerait qu’une partie des visiteurs parvienne jusqu’à la fin… 🙂
La preuve! On te laisse un petit mot de soulagement euh d’émerveillement! 😀 😉
Il est permis de respirer pendant la lecture, vue qu’il n’y a plus d’eau. 😉
Très heureux de t’avoir émervoulager !
Tes photos sont géniales! Je trouve impressionnant d’imaginer le lac rempli quand on voit les gens y balader le long.
C’est très intéressant de découvrir cet endroit! Et tu as eu la chance d’être présent pour photographier le lac asséché. Dans 30 ans, on ne sait pas si on pourra le voir.
J’espère être toujours de ce monde dans 30 ans. 😉 Et peut-être même dans 60 ! Par contre, pas sûr de pouvoir marcher les 12 km…
Oui, le site est impressionnant, surtout quand on voit la limite de l’eau, tout là-haut ! C’était un véritable privilège de se promener sur un chemin accessible que tous les 30 ans.
Super passionnant ton reportage photos ! seul regret c’est que si je dois attendre 30 ans pour voir le prochain assèchement, je serais comme le le fond du lac(craquelé) 🙂 Bonne semaine.
Qu’importe les craquelures, pourvu que les jambes tiennent bon et que l’œil garde son sens photographique ! En fait, il n’est même pas sûr que le lac soit encore vidé dans 30 ans. EDF mettrait au point d’autres techniques d’entretien pouvant être effectuées sous l’eau.
Absolument pas lassant. Agreable et « scary » de savoir que tant d’eau devrait etre présente et puis cette vie enlevee!
Heureusement les poissons grace au panneau ne sont pas perdus 😀
Tout n’est pas négatif : Les poissons ont beaucoup plus de place et l’activité humaine a juste changé de nature (nautisme, tourisme…). 🙂
Surement mais je regarde toujours ca avec un pincement au coeur 😉
Moi aussi. Quand on pense à toutes ces familles qui ont vécu dans cette vallée, de génération en génération…
C’est ca qui me fait tout drôle oui
J’aurais adoré voir ça ! Merci pour le partage des photos, géniales !
Te connaissant un peu, je suis certain que tu aurais aimé, effectivement. 😉
Wonderful colours and photos.
Many thanks !
Une superbe balade et des commentaires enrichissants. Merci.
C’est moi qui te remercie d’avoir pris le temps de me lire. 🙂
Merci pour cet article bien intéressant et pas lassant du tout…
Bonne journée.
Merci ! Ça me rassure. 🙂
Bonne journée également.
Impressionnant de retrouver ces vestiges au fond du lac , pour cette période de vidange; Comme tu le notes si bien, imaginer la vie à ces endroits, avant même que cela ne devienne une réserve d’eau c’est marrant. Superbe reportage photo de ce joli coin de Bretagne. bonne journée !
« Impressionnant » est le mot juste. Se promener en sachant qu’en temps normal il y a 20 à 40 m d’eau au-dessus de notre tête est une expérience troublante. C’est aussi un voyage dans le temps. On se retrouve propulsé en 1930…
Merci et bonne journée à toi aussi, Pimpf !
Super !
Thanks ! 🙂
Très belle balade dans ce monde englouti, avec de très jolies épaves.
Bonne journée.
Merci Marion. Belle journée à toi aussi.